La suspicion et la peur gagnent certaines écoles du nord du Burundi où les partis politiques recrutent des élèves à la veille des élections communales du 21 mai prochain. Alléchés par la promesse de bonnes notes et de postes futurs, et par de menus cadeaux, ils sont nombreux à s'enrôler pour faire campagne… Pourtant, toute activité politique est interdite dans les établissements scolaires.
Dans ce lycée de Kayanza au nord du Burundi, la situation est inquiétante. Après une réunion organisée par un parti politique de l’opposition, majoritairement tutsi, quelqu'un venu de l'extérieur a manipulé ceux qui ne sont pas de ce parti en leur disant qu'à l'issue de cette réunion les Tusti avaient décidé de tuer leurs camarades hutu, leurs adversaires politiques, les incitant à veiller pour leur sécurité. Les lycéens ont ainsi passé toute la nuit debout et il a fallu l'intervention des autorités pour calmer la situation. "Tout cela malgré l'interdiction et les conseils permanents des autorités de l'Etat, qui interdisent aux élèves de participer activement à la politique", selon le doyen de l'école.
Un élève, militant d'un parti politique, interrogé, dit qu'il veille sans problèmes, car il collabore avec les autorités provinciales de ce parti. "Mon directeur le sait, mais ne me dérange pas, car nous sommes de la même obédience politique. Je suis en contact permanent avec les dirigeants du parti ce qui me fait plaisir, car ils interviennent quand j'ai un problème de sous", explique cet élève.
A l'approche des élections générales au Burundi, qui commencent par les élections communales le 21 mai, les partis politiques recrutent à tout va, y compris à la sortie des écoles, demandant aux élèves de trouver de nouveaux militants. Manipulés par les hommes politiques, les lycéens en oublient leurs études et jouent de leur appartenance politique pour obtenir de bonnes notes.
Des points gratuits
Dans ce même lycée, la situation a dégénéré. Un groupe d'élèves a jeté des pierres sur le dortoir. Les suspects ont été arrêtés et emprisonnés dans le cachot de la commune. Pour éviter les débordements, les autorités de l'école ont décidé de renvoyer tous les élèves avant la fin des examens. Dans un autre lycée de la même province, la situation n'est guère différente. Un élève est allé se plaindre de son professeur, qui lui avait enlevé des points parce qu'il n'était pas de son parti, à un représentant d'un parti politique pensant que celui-ci pouvait agir contre son enseignant. Dans le Nord toujours, un professeur a été emprisonné pour "avoir critiqué un système politique pendant son cours de civisme". Il a été dénoncé par un de ses élèves qui s'est fait passer pour un agent de la documentation, selon des sources proches.
Actuellement, de nombreux professeurs n'hésitent pas à tromper les élèves en leur disant qu'une fois qu'ils auront adhéré à leur parti, ils auront des points en plus. "Certains professeurs nous le demandent et nous n'hésitons pas à sacrifier les moments d'étude pour aller enseigner les idéaux des partis sachant qu'à la fin de l'année ils nous donneront des points gratuits", se vante un élève d'un collège communal. Cet élève accuse même son directeur qui promet aux élèves de leur refaire d'autres bulletins s'ils échouent en fin d'année… mais à condition de militer en faveur de son parti.
Militant pour un Fanta
Les élèves sont aussi attirés par les petits cadeaux accordés par les partis. "Notre parti nous donne 1 000 Fbu (moins d'un dollar) à chacun pour nous acheter un Fanta ou une bouteille de Primus. C'est pourquoi nous devons répondre présents à des réunions pour avoir au moins ce Fanta, déclare un élève. Si quelqu'un qui a besoin d'un savon ou d'un stylo, le parti lui donne." Pendant les week-ends, les élèves ne font plus leur travail de classe. Sollicités par les leaders politiques qui assurent leur déplacement, ils sillonnent les collines, enseignant les idéaux de leurs partis, recrutant des militants…Très souvent trompés et manipulés par les politiciens qui leur promettent des postes après leurs études.
"Ces élèves qui se lancent dans la politique avant la fin de leurs études perdent leur temps. Ils devraient privilégier leur formation intellectuelle avant tout", estime un éducateur qui demande à ses élèves de ne pas céder aux politiciens mal intentionnés. Les parents, eux demandent au gouvernement, censé faire respecter la loi qui interdit toute activité politique dans les établissements scolaires, de protéger ce groupe vulnérable en punissant ceux qui dérapent et dérangent le travail des enfants. Mais le politicien, lui, "n'hésite pas à sauter sur la proie quand des facilités se présentent", dit le président d’un parti politique de l’opposition.
(Syfia Grands-Lacs/Burundi)
Un élève, militant d'un parti politique, interrogé, dit qu'il veille sans problèmes, car il collabore avec les autorités provinciales de ce parti. "Mon directeur le sait, mais ne me dérange pas, car nous sommes de la même obédience politique. Je suis en contact permanent avec les dirigeants du parti ce qui me fait plaisir, car ils interviennent quand j'ai un problème de sous", explique cet élève.
A l'approche des élections générales au Burundi, qui commencent par les élections communales le 21 mai, les partis politiques recrutent à tout va, y compris à la sortie des écoles, demandant aux élèves de trouver de nouveaux militants. Manipulés par les hommes politiques, les lycéens en oublient leurs études et jouent de leur appartenance politique pour obtenir de bonnes notes.
Des points gratuits
Dans ce même lycée, la situation a dégénéré. Un groupe d'élèves a jeté des pierres sur le dortoir. Les suspects ont été arrêtés et emprisonnés dans le cachot de la commune. Pour éviter les débordements, les autorités de l'école ont décidé de renvoyer tous les élèves avant la fin des examens. Dans un autre lycée de la même province, la situation n'est guère différente. Un élève est allé se plaindre de son professeur, qui lui avait enlevé des points parce qu'il n'était pas de son parti, à un représentant d'un parti politique pensant que celui-ci pouvait agir contre son enseignant. Dans le Nord toujours, un professeur a été emprisonné pour "avoir critiqué un système politique pendant son cours de civisme". Il a été dénoncé par un de ses élèves qui s'est fait passer pour un agent de la documentation, selon des sources proches.
Actuellement, de nombreux professeurs n'hésitent pas à tromper les élèves en leur disant qu'une fois qu'ils auront adhéré à leur parti, ils auront des points en plus. "Certains professeurs nous le demandent et nous n'hésitons pas à sacrifier les moments d'étude pour aller enseigner les idéaux des partis sachant qu'à la fin de l'année ils nous donneront des points gratuits", se vante un élève d'un collège communal. Cet élève accuse même son directeur qui promet aux élèves de leur refaire d'autres bulletins s'ils échouent en fin d'année… mais à condition de militer en faveur de son parti.
Militant pour un Fanta
Les élèves sont aussi attirés par les petits cadeaux accordés par les partis. "Notre parti nous donne 1 000 Fbu (moins d'un dollar) à chacun pour nous acheter un Fanta ou une bouteille de Primus. C'est pourquoi nous devons répondre présents à des réunions pour avoir au moins ce Fanta, déclare un élève. Si quelqu'un qui a besoin d'un savon ou d'un stylo, le parti lui donne." Pendant les week-ends, les élèves ne font plus leur travail de classe. Sollicités par les leaders politiques qui assurent leur déplacement, ils sillonnent les collines, enseignant les idéaux de leurs partis, recrutant des militants…Très souvent trompés et manipulés par les politiciens qui leur promettent des postes après leurs études.
"Ces élèves qui se lancent dans la politique avant la fin de leurs études perdent leur temps. Ils devraient privilégier leur formation intellectuelle avant tout", estime un éducateur qui demande à ses élèves de ne pas céder aux politiciens mal intentionnés. Les parents, eux demandent au gouvernement, censé faire respecter la loi qui interdit toute activité politique dans les établissements scolaires, de protéger ce groupe vulnérable en punissant ceux qui dérapent et dérangent le travail des enfants. Mais le politicien, lui, "n'hésite pas à sauter sur la proie quand des facilités se présentent", dit le président d’un parti politique de l’opposition.
(Syfia Grands-Lacs/Burundi)
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